Présentation de la Parenthèse, Lieu d’Accueil Enfant-Parent (Suresnes)
« L'enfant est original dans son désir, il a besoin d’être soutenu dans la conquête de son autonomie » F.Dolto
Inscrit au sein de la Clef d’Or, la Parenthèse est un Lieu d’Accueil Enfant Parent basé sur les principes de la Maison Verte fondée par Françoise Dolto en 1979. Nous y accueillons les tout-petits, de leur naissance jusqu’à l’anniversaire des 4 ans, accompagnés par leurs parents, par un autre membre de la famille ou proche qui s’en occupe et avec lesquels ils se sentent en confiance. C'est un lieu pour passer un moment ensemble, lieu d’écoute, de rencontre avec d'autres enfants, d'autres adultes, parents ou membres de l'équipe d'accueil. Le LAEP fonctionne sur l’anonymat et la venue libre, les familles peuvent y venir quand elles le souhaitent sans avoir besoin de prévenir. Les futurs parents y sont également les bienvenus.
L’équipe des accueillantes, qui sont toujours au moins deux pour accueillir, fait partie de l’Association l’Eveil à L’enfant. Nous faisons vivre La Parenthèse depuis septembre 2012. Toutes psychologues cliniciennes, avec des lieux d’exercices divers et des formations différentes (Université, Ecole des Psychologues Praticiens, pour certaines en formation à l’observation du nourrisson selon la méthode E.Bick…), nous sommes d’orientation psychanalytique, base de l’écoute en LAEP. Nous allons vous présenter les axes principaux de notre travail, qui répond avant tout à des objectifs de prévention et de soutien à la parentalité.
A l’entrée de la Parenthèse, seul le prénom de l’enfant est demandé ainsi que le lien de parenté qui unit l’enfant et l’adulte qui l’accompagne. Cette information est notée au tableau à l’arrivée dans la « Parenthèse » et signifiée à l’enfant. Nous accordons une importance primordiale au prénom car il assure la cohésion narcissique du sujet. Nous précisons à l’enfant que c’est un lieu où les parents (ou membre de la famille qui s’occupe de l’enfant : grands-parents, oncle ou tante…) restent avec les enfants. Cela lui permet de se sentir en confiance et d'apprendre progressivement, à son rythme, à se séparer des adultes familiers pour aller vers la socialisation.
Que l’enfant dispose d’une éducation stricte ou permissive, le cadre de la Parenthèse lui permet d’intégrer progressivement les interdits relatifs à la vie en communauté et subséquemment à la vie en société. Les accueillantes expliquent à l’enfant ce qui est permis et défendu au sein du lieu, ainsi que le sens que cela prend. Au premier accueil, l’accueillante fait une présentation de chaque espace de jeux : le jeu d’eau avec la règle d’y jouer accompagné du parent et en mettant un tablier ; l’espace dessin, le coin calme et le coin bébé où l’on peut aller en enlevant ses chaussures. Elle précise que l’espace moteur est délimité par une ligne rouge qu’il ne faut pas franchir lorsqu’on joue aux ballons et aux voitures. Cette ligne permet de protéger les autres enfants qui jouent à d’autres jeux plus calmes et les plus petits qui se déplacent à quatre pattes.
Nous remarquons souvent que, une fois énoncée la règle, l’enfant cherche du regard une validation de l’interdit et semble nous dire à travers son comportement : « je sais que je n’ai pas le droit et je sais que tu sais que je le sais. ». Tout un jeu s’opère autour de cette fameuse ligne rouge. Les enfants font appel à l’intériorisation des règles également du côté des adultes, ils recherchent une incarnation de la limite. « Si tu ne me vois pas, alors je peux traverser la ligne ? Si je traverse la ligne rouge avec mon camion, qu’est ce qui va se passer ? ». Nous accompagnons l’enfant et l’adulte dans le positionnement par rapport à l’interdit. Il n’y a pas de punition, pas de menace, mais une explication de la règle, qui peut passer par le jeu, et le soucis de son respect afin que l’enfant puisse se l’approprier. Pour Françoise Dolto, nous confrontons le principe de plaisir (le désir) à l’interdit de la loi (fonction paternelle), le but étant de participer à la construction du sujet et de faciliter les règles sociales.
Illustrons nos propos à travers une vignette clinique. Sara (2 ans) habituée du lieu depuis 1 an, teste durant un accueil les règles et les limites, en particulier la ligne rouge du coin moteur que pourtant elle connait (elle a été vue passant la ligne en disant "non" ou en le disant à d'autres).
Elle s'assoit sur un petit camion poubelle qui ne fait pas partie du coin moteur, passe et repasse sur la ligne rouge, emporte les ballons dans une poussette... Les accueillantes interviennent plusieurs fois, expliquent. A la fin de l'accueil, Sara veut partir avec un ballon : une accueillante lui explique que ce n'est pas possible, que le ballon doit rester à La Parenthèse et qu'elle le retrouvera la prochaine fois. Sara part en pleurant tout en laissant le ballon. Quand Sara revient, elle rentre dans le local et se dirige immédiatement vers la corbeille à ballons : elle y retrouve avec le sourire son ballon!
A la fin de cet autre accueil, Sara tente de partir cette fois avec une poupée : l'accueillante prend la poupée dans les bras, mime l'au revoir, à la prochaine fois...et Sara part sans pleurer. L'accueillante parle aussi avec la maman de Sara qui voudrait que Sara dise "pardon" lors de ses transgressions: l'accueillante la rassure et explique que les règles mettent du temps pour s'intérioriser, qu'il ne faut pas qu'elle s’inquiète d'avoir à les répéter, que c’est en les testant que Sara les apprend et les comprend.